Action rentrée des classes : un cours de langue porcine destiné aux éleveurs
GAIA diffuse un spot radio pour mettre fin à la castration chirurgicale des porcelets
Bruxelles, le 31 août 2016 – A l’occasion de la rentrée des classes, l’organisation de défense des animaux, GAIA, a concocté un petit cours de langue porcine, à l’usage des éleveurs de porcs. Diffusé dès demain pendant une semaine, sous forme de spot radio ludique et pédagogique, le but de cette action est d’apprendre aux éleveurs quelques ‘mots’ simples, mais élémentaires, d’une langue qu’un grand nombre d’entre eux ne comprend décidemment pas. « Depuis de nombreuses années, GAIA insiste sur le fait que la castration des porcelets, exercée de manière coutumière par les éleveurs belges, y compris par le secteur bio et plein air, représente une intervention extrêmement douloureuse et traumatisante pour ces jeunes animaux sensibles, à peine quelques jours après leur naissance », explique la directrice de GAIA, Ann De Greef. « Or depuis que cette pratique cruelle existe, les porcelets s’époumonent à expliquer aux éleveurs qu’ils doivent arrêter ces ablations systématiques des testicules, en vain », ajoute t-elle. Elle conclut que seule une obligation légale de recours à des techniques alternatives plus éthiques, efficaces et disponibles, remédiera à ce manque flagrant d’empathie et de mépris des connaissances scientifiques.
En 2013, la ministre fédérale de la Santé Publique de l’époque, en charge du bien-être animal, Laurette Onkelinx, annonça un Arrêté royal que les Régions, dont la Wallonie, n’ont pas approuvé. C’est pourquoi GAIA relance aujourd’hui le dossier par le biais d’un spot et invite le public à envoyer depuis son site internet, un message clair aux Ministres du bien-être animal wallon et flamand. Pourquoi attendre, alors que des alternatives plus éthiques efficaces existent et qu’elles sont déjà utilisées dans la filière ?
Une épreuve douloureuse et traumatisante
Chaque année, 4,5 millions de porcelets mâles sont castrés en Belgique pour prévenir le risque d'apparition de l’odeur de verrat – une odeur très désagréable lors de la cuisson de la viande – qui n'apparaît que dans une minorité des cas, et pour laquelle seule une fraction des consommateurs y est sensible. Ainsi, pour parer à ce risque minime de désagrément, une majorité des porcelets mâles subissent une ablation des testicules quelques jours après leur naissance. Même pratiquée sous anesthésie (locale!), cette intervention reste douloureuse et traumatisante pour les porcelets qui, de plus, ne reçoivent pas de soins post-opératoires. La science est d’ailleurs unanime à ce sujet.
Le marché est prêt
Le marché est pourtant tout à fait prêt à appliquer les alternatives à la castration chirurgicale et celles-ci fonctionnent dans la pratique. Le vaccin qui empêche les mâles d’atteindre la maturité sexuelle est notamment avantageux pour l’éleveur et permet d’obtenir une meilleure conversion alimentaire. Plusieurs chaînes de supermarchés en Belgique se sont dès lors engagées, depuis quelques années pour certaines, à ne plus vendre de viande de porcs castrés de manière chirurgicale et douloureuse.
Résistances du secteur
L’argument selon lequel l’ablation des testicules ne fait pas souffrir n’est généralement tenu que par les éleveurs de porcs eux-mêmes, qui, par simple habitude, ou parce qu'ils ne voient pas d'autre option, ou encore parce qu’ils sont mal informés, ont encore recours à cette pratique absolument inutile. Deux alternatives à la castration chirurgicale des porcelets existent, et sont pourtant déjà utilisées en Belgique : vacciner contre l’odeur de verrat, et laisser les mâles entiers. L’autre argument avancé par le secteur, est que l’Allemagne, le principal débouché de la filière porcine belge, n’accepterait pas de viande de porcs non-castrés. Or selon une enquête réalisée par GAIA en 2014, cette information est aujourd’hui obsolète. De nombreuses chaînes de supermarchés et de grands abattoirs, comme Tönnies (le plus grand d’Europe), Vion ou encore West Fleisch, acceptent sans réserve les mâles entiers. Même avis pour Naturland, reconnu comme le plus grand organisme de certification biologique au monde, et second sur le marché allemand.