Avancées wallonnes sur le bien-être animal : les abattages à domicile, le gazage des poussins et les marchés d’animaux interdits, sanctions alourdies en cas d’infractions
GAIA : “+ : Des avancées importantes ; – : la souffrance animale liée au gavage pour le foie gras, à la castration douloureuse des porcelets et aux marchés de bestiaux reste ignorée”

Bruxelles, le 02 juillet — La Wallonie interdira les abattages à domicile. Une interdiction du gazage des poussins sera également instaurée, après que le broyage des poussins mâles, jugés inutiles car ne pondant pas d’œufs, a déjà été proscrit sous la précédente législature. En outre, la vente d’animaux vivants sur les marchés hebdomadaires dans les villes et communes sera proscrite. Les sanctions en cas d’infractions seront considérablement renforcées. GAIA parle de pas importants en avant, tout en soulignant des lacunes et zones d’ombre.
Aujourd’hui, le ministre-président et ministre du Bien-être animal, Adrien Dolimont a présenté des avancées pour le bien-être animal. Le mois dernier encore, GAIA attirait l’attention avec l’action “Accouche Adrien” : à l’entrée de son cabinet à Namur, le ministre avait symboliquement été accueilli par une baby shower. Il y était représenté en homme enceinte pour illustrer qu’il n’avait “accouché” d’aucune mesure pour le bien-être animal depuis son entrée en fonction, neuf mois avant. Ce jour marque donc, enfin, la « naissance » de plusieurs mesures que GAIA réclame de longue date. Mais GAIA le souligne : le travail du ministre est encore loin d’être terminé.
Aperçu de l’accord politique
1) Interdiction de la vente d’animaux sur les marchés
La Wallonie interdira, à l’instar de Bruxelles, la vente d’animaux sur les marchés. Malheureusement, cette mesure ne concerne pas — du moins pour l’instant — les marchés aux bestiaux.
2) Interdiction du gazage des poussins
La Wallonie devient la première région belge à interdire le gazage des poussins mâles. Le broyage y était déjà proscrit. Cette pratique de mise à mort massive se poursuit toutefois en Flandre. En prenant cette décision, la Wallonie ferme la porte à toute tentative d’introduire cette méthode sur son territoire et envoie un signal fort à la Flandre, où le Code du bien-être animal prévoit certes cette possibilité, sans qu’aucune décision n’ait encore été prise.
Des alternatives éthiques existent pourtant, comme l’identification du sexe des poussins dans l’œuf, qui évite leur mise à mort. Avec cette avancée, la Wallonie rejoint les pays pionniers que sont l’Allemagne, la France et le Luxembourg.
3) Confirmation de l’interdiction annoncée des abattages à domicile
Adrien Dolimont confirme ainsi la promesse faite il y a quelques mois.
4) Cadre plus strict et sanctions plus sévères
Les infractions jusqu’ici classées en troisième catégorie — comme le fait de laisser un chien dans une voiture surchauffée — passeront désormais en deuxième catégorie. La peine maximale passe ainsi à 100 000 euros en cas de poursuites judiciaires, et à 15 000 euros en cas d’amende administrative.
Les infractions de deuxième catégorie pourront désormais entraîner une peine de prison allant jusqu’à trois ans, et/ou une amende judiciaire pouvant atteindre 1 million d’euros. L’amende administrative, elle, pourra s’élever jusqu’à 200 000 euros.
L’octroi du permis de détention sera renforcé : la composition du foyer sera désormais prise en compte, afin qu’un membre de la famille ne puisse adopter un animal si un autre occupant ne possède pas le permis (virtuel).
Une période d’attente obligatoire sera également introduite avant toute adoption ou achat d’un animal, afin de lutter contre les achats impulsifs.
Les conditions de détention de certaines races de chiens seront durcies.
Enfin, de nouvelles listes positives — pour les reptiles et les oiseaux que les particuliers sont autorisés à détenir — verront le jour.
Points sensibles et lacunes
GAIA déplore vivement que certaines pratiques particulièrement cruelles restent, pour l’heure, épargnées : la castration chirurgicale douloureuse des porcelets, les conditions de vie misérables des poulets de chair, ou encore le gavage pour la production de foie gras. Dans sa note, le ministre choisit d’ailleurs de qualifier ce dernier de manière euphémique d' « alimentation assistée ».
La note reste également silencieuse sur l’interdiction de la vente de fourrure et de produits issus de la chasse aux kangourous.
En matière d’expérimentation animale, GAIA pointe l’absence d’une vision claire et cohérente.
« Un sac d’argent pour financer la recherche d’alternatives à l’expérimentation animale, dont on n’entend plus parler ensuite, ce n’est pas une stratégie réfléchie pour assurer une transition efficace vers une science sans animaux de laboratoire », déplore Sébastien de Jonge, directeur des opérations chez GAIA. « Nous avons pourtant remis au ministre un rapport scientifique solide, contenant 33 recommandations concrètes pour accompagner cette transition. »
GAIA reconnaît que la Wallonie franchit quelques pas importants pour le bien-être animal — mais souligne que de nombreux défis restent à relever.
« Le travail est loin d’être terminé. Nous appelons le ministre-président Dolimont à maintenir cette dynamique positive, mais aussi à élargir son action, notamment en s’attaquant à la souffrance des canards gavés pour le foie gras et à la castration chirurgicale des porcelets. GAIA l’invite également à s’engager résolument dans une transition vers une recherche sans recours aux animaux de laboratoire. Nos 33 recommandations peuvent, à cet égard, lui servir de boussole. Rome et Paris ne se sont pas faites en un jour, mais les quatre années à venir seront décisives : le ministre Dolimont a encore beaucoup à accomplir. »