COMMUNIQUÉ DE PRESSE // La Belgique dans le top 5 européen des tests les plus douloureux sur les animaux et dans le top 4 des tests sur les chiens
22 millions d'animaux de laboratoire dans l'UE
Bruxelles, le 11 février 2020 - Dans l'Union européenne, quelque 22 millions d'animaux de laboratoire sont utilisés chaque année dans le cadre de recherches. C'est ce que dévoile un rapport de la Commission européenne qui analyse les statistiques des États membres européens pour les années 2015-2017. Le rapport montre que l'UE est loin d'assurer la transition vers une recherche exempte d'expériences sur les animaux. La Belgique est l'un des principaux utilisateurs d'animaux de laboratoire. Notre pays figure dans le top 5 des États membres qui ont recours aux tests les plus douloureux sur les animaux, et nous occupons la quatrième place quant au nombre de chiens utilisés en laboratoire. « Il n'y a aucune fierté dans ce classement, déclare Michel Vandenbosch, président de GAIA. Nous utilisons encore plus de chiens pour les expériences que des pays comme l'Espagne. »
Avec 511 194 animaux de laboratoire (dont 4041 réutilisés en 2017), notre pays occupe la 5e place (hors Royaume-Uni) dans le classement des pays ayant réalisé le plus d'expériences sur les animaux, après l'Allemagne, la France, l'Espagne et l'Italie. Les Pays-Bas, la Suède, l'Irlande et le Danemark complètent le top 10. Les plus gros utilisateurs d'animaux dans l'UE-28 sont, dans l’ordre, le Royaume-Uni avec près de 2 millions d'animaux testés, l'Allemagne (+ 1,8 million) et la France (près de 1,8 million). Notre pays utilise quelque 50 000 animaux de plus que les Pays-Bas. Si l’on analyse le nombre d'expériences pratiquées sur des chiens, la Belgique (1856) fait moins bien que les Pays-Bas (moins de 1000). Dans ce domaine, la Belgique est le 4e pays à utiliser le plus de chiens, si l'on ne tient plus compte du Royaume-Uni.
Douleur intense
Notre pays figure également dans le top 5 des États membres (Royaume-Uni inclus) qui comptent le plus grand nombre d'animaux de laboratoire soumis à des douleurs aiguës (82 536), après la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie. Avec 16,5 % du nombre total d'animaux utilisés en Belgique, la Belgique se classe au 6e rang après la Pologne (32,87 % du nombre total d'animaux utilisés dans ce pays), l'Irlande (29,25 %), le Portugal (24,69 %), la Croatie (19,85 %) et la France (17,95 %). Aux Pays-Bas (21e place), selon les statistiques officielles, 3,05 % des animaux de laboratoire souffrent de douleurs aiguës : c'est nettement moins qu'en Belgique où près d'un animal sur cinq souffre gravement.
22 millions d'animaux
Dans son rapport, la Commission examine à la fois la mise en œuvre de la directive de 2010 sur l'expérimentation animale « relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques » et le nombre d'animaux utilisés. Les données fournies par les États membres européens pour les années 2015, 2016 et 2017 montrent que près de 10 millions d’animaux sont utilisés chaque année dans l’Union européenne à des fins scientifiques. Plus d’un million d’expériences (11 % du total) provoquent un niveau de souffrance animale qualifié de « grave » par les chercheurs. Le nombre total d'animaux impliqués dans la recherche européenne est toutefois beaucoup plus élevé : 12,6 millions d'animaux supplémentaires sont élevés et tués sans jamais être utilisés dans une expérience. Cela porte le total à 22 millions d'animaux par an utilisés dans la recherche scientifique.
La Belgique est un grand utilisateur d'animaux de laboratoire
« Un objectif important de la directive sur l'expérimentation animale, qui a maintenant dix ans, est de remplacer les animaux de laboratoire en réduisant, en raffinant et en remplaçant les méthodes de recherche (la règle des 3 R, ndlr). La recherche expérimentale sans animaux est incluse dans la directive en tant qu'objectif. Dix ans plus tard, il s'avère que peu voire qu'aucun de ces objectifs n’a été atteint », dénonce le président de GAIA, Michel Vandenbosch. « Avec plus d'un demi-million d'expériences par an, la Belgique est l'un des principaux utilisateurs d'animaux de laboratoire. Si l’on ne tient pas compte du Royaume-Uni après le Brexit, notre pays se classe au cinquième rang, juste après l'Italie. De plus, il est frappant de constater que les chiens restent toujours utilisés en Belgique : notre pays est en quatrième position. Nous utilisons plus de chiens pour les expériences que des pays comme l'Espagne ».
Un contrôle souvent insuffisant
Des enquêtes en caméra cachée, comme celle du laboratoire de Hambourg l'an dernier, où des singes, des chiens, des chats et des lapins ont été maltraités et où des infractions flagrantes à la loi étaient monnaie courante, montrent que les pratiques quotidiennes peuvent être différentes de ce que prétendent les chercheurs. En Belgique aussi, GAIA a déjà mis en lumière les pratiques inacceptables (VUB, animalarium du Campus de Jette, 2016) de laboratoires qui ont fait preuve de laxisme et de floutage des normes. Le rapport européen montre que le contrôle public est souvent insuffisant : dans cinq États membres, les contrôles publics sont systématiquement annoncés, tandis que neuf États membres ne respectent pas l'exigence minimale de contrôler un tiers des établissements de recherche chaque année.
Révision de la législation en vue du passage à la recherche sans animaux
« Nous entendons depuis dix ans que nous sommes sur la bonne voie, grâce à une directive européenne sévère et à un contrôle stricte par le gouvernement et les scientifiques. Le rapport de la Commission européenne prouve désormais le contraire », déclare Michel Vandenbosch. Et d’insister : « La directive actuelle sur la protection des animaux de laboratoire est trop adaptée aux souhaits des chercheurs et doit être révisée d'urgence en vue d'une transition vers une recherche sans animaux ». Le président de GAIA appelle à une stratégie et à un plan d'action efficaces, avec des objectifs concrets, pour réduire effectivement et systématiquement le nombre d'animaux utilisés dans les expériences : « Il faut faire beaucoup plus pour la recherche sans avoir recours à des animaux sensibles. Sinon, dans dix ans, nous constaterons une fois de plus que nous n'avons pas bougé d'un millimètre ».